
La crise politique française
Les formations politiques consultées jusqu'à présent manifestent une volonté de doter la France d'un budget avant la fin de l'année, ce qui éloigne la perspective d'une dissolution de l'Assemblée nationale, a dit mercredi Sébastien Lecornu avant de recevoir socialistes, communistes et écologistes à Matignon puis de rendre compte dans la soirée à Emmanuel Macron du résultat de ces consultations.
Marine Le Pen, qui a refusé au nom du Rassemblement national de participer aux ultimes négociations organisées à Matignon pour tenter de dégager un hypothétique compromis entre diverses forces politiques, a pour sa part jugé que "la plaisanterie a assez duré". "Je censure tout", a-t-elle dit au sujet de l'éventuel futur gouvernement.
Alors que le président de la République est contesté jusque dans son propre camp, avec un Edouard Philippe appelant à son départ anticipé, le chef de gouvernement démissionnaire s'est notamment entretenu mardi avec des représentants du "bloc central" et des Républicains.
Il doit désormais recevoir ce mercredi des dirigeants d'opposition, socialistes et écologistes notamment, qui exigent la nomination d'un Premier ministre de gauche.
La réforme des retraites de 2023, contestée par la gauche, est revenue au centre des débats, Elisabeth Borne, qui l'a pourtant portée, ayant évoqué sa suspension pour favoriser un consensus. Une telle suspension serait une "formidable avancée", a dit Olivier Faure, premier secrétaire du PS, avant de rencontrer Sébastien Lecornu, lequel n'en a pas dit un mot lors de son allocution à Matignon.
Comme le Rassemblement national (RN), la France insoumise (LFI), dont la proposition de destitution du président de la République a été jugée irrecevable à l'Assemblée nationale, a refusé l'invitation à de nouvelles discussions avec le chef du gouvernement démissionnaire.
LES DERNIERS DÉVELOPPEMENTS
11h27 - "Je censure tout. Maintenant, stop, la plaisanterie a assez duré. On fait courir les Français derrière des baballes tout ça pour gagner du temps. C'est inadmissible", dit Marine Le Pen devant les journalistes lors d'un déplacement dans le Puy-de-Dôme, en réclamant à nouveau une dissolution de l'Assemblée nationale. "On ne peut pas admettre qu'on contourne à ce point les institutions de la Ve République. Donc voilà, maintenant on siffle la fin de la récréation."
10h39 - Sébastien Lecornu s'exprimera mercredi soir dans le journal télévisé de 20h00 de France 2, annonce France Télévisions sur X.
10h38 - Le Bureau de l'Assemblée nationale a jugé irrecevable la proposition de résolution lancée par LFI pour tenter d'engager une procédure de destitution du président de la République, rapporte LCP.
09h44 - Le CAC 40 parisien accroît ses gains, prenant près de 0,45%, après la prise de parole de Sébastien Lecornu, tandis que le rendement de l'OAT à dix ans recule de 4,4 points de base, à 3,528%, contre une ouverture à 3,559%. L'écart de rendement entre le Bund allemand et l'OAT à dix ans tombe sous les 85 points de base.
09h38 - "J'ai de bonnes raisons de vous dire que parmi les bonnes nouvelles, l'ensemble des consultations que j'ai pu avoir (...), il y a une volonté d'avoir pour la France un budget avant le 31 décembre de cette année. Et cette volonté crée un mouvement et une convergence, évidemment, qui éloignent les perspectives de dissolution", déclare Sébastien Lecornu à Matignon avant de recevoir les socialistes et écologistes.
Le Premier ministre démissionnaire dit vouloir demander à ces oppositions de gauche "quelles sont les concessions qu'elles demandent aux autres formations politiques (et) quelles sont les concessions qu'elles sont prêtes à faire aussi, le cas échéant (...) car j'ai cru comprendre qu'elles aussi souhaitaient que la France puisse se doter d'un budget avant la fin de cette année".
08h51 - Sébastien Lecornu fera une déclaration à 09h30 à Matignon, annoncent ses services.
08h41 - Sébastien Lecornu s'exprimera publiquement à 09h30 avant de recevoir les socialistes à Matignon, dit Olivier Faure.
08h38 - Une suspension de la réforme des retraites serait une "formidable avancée", dit Olivier Faure sur franceinfo avant d'être reçu par Sébastien Lecornu.
"La première chose que j'irai vérifier ce matin (...), c'est que cette histoire là n'est pas simplement un écran de fumée", dit le premier secrétaire du Parti socialiste au sujet de la proposition d'Elisabeth Borne.
"Je veux savoir si cette victoire est réelle ou pas, mais ce serait effectivement une formidable avancée pour les salariés", ajoute-t-il.
"Nous étions pour l'abrogation. Maintenant, la suspension est une possibilité, c'est une avancée et je ne veux pas donner le sentiment ce matin que ce serait tout ou rien. Il y a aussi parfois des points qu'il faut prendre (...) s'il intervenait, ce serait un geste important."
08h30 - "Nous avons dit que nous censurerons tout gouvernement qui continuerait une politique macroniste", déclare la cheffe de file des députés LFI, Mathilde Panot, interrogée sur BFMTV/RMC sur une éventuelle censure par sa formation d'un gouvernement qui serait dirigé par le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure.
"Je ne crois pas que Macron puisse nommer un gouvernement de gauche", ajoute-t-elle. "A ce stade, demander une cohabitation, c'est non seulement sauver Emmanuel Macron mais faire perdre du temps au pays."
"Le problème, c'est Emmanuel Macron et Emmanuel Macron doit partir. Il s'agit maintenant de tourner la page", insiste la responsable insoumise, rappelant que LFI demande une abrogation de la réforme des retraites et pas seulement une suspension.
08h05 - "Ça vaut bien moins cher qu'une crise politique qui dure", affirme le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, interrogé sur Public Sénat sur une suspension de la réforme des retraites de 2023.
A la question de savoir si une telle suspension conduirait le Parti socialiste à conclure un accord de non censure du gouvernement à l'issue de la rencontre prévue à Matignon, le sénateur répond: "Nous sortirons de Matignon en disant (que) nous voulons confirmation sur trois mesures : suspension de la réforme, justice fiscale et mesures sur le pouvoir d'achat."
Patrick Kanner estime que l'appel d'Edouard Philippe à une démission d'Emmanuel Macron constitue une "faute politique" qui risque d'affaiblir les institutions.
"Nous n'avons pas la dissolution compulsive. Nous n'avons pas la démission compulsive. Nous demandons une cohabitation", dit-il.
"Si demain, il y a dissolution, il n'y aura pas d'accord programmatique avec La France insoumise", précise-t-il encore.
07h52 - "A Bercy on travaille (...), on évalue des scénarios, on est là pour éclairer des négociations et donc oui, on travaille sur un certain nombre de scénarios, y compris évidemment sur certaines hypothèses qui ont été mises dans l'atmosphère", dit Roland Lescure, ministre démissionnaire de l'Economie, interrogé sur France Inter sur un examen par ses services d'une éventuelle suspension de la réforme des retraites.
Il prévient toutefois que "modifier la réforme des retraites, ça va coûter des centaines de millions (d'euros) en 2026 et des milliards en 2027".
07h41 - Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale, affirme ne pas avoir évoqué une éventuelle dissolution avec Emmanuel Macron lors de son entretien mardi à l'Elysée avec le président de la République.
"Ce n'était pas l'objet de mon entretien avec le président de la République", a-t-elle déclaré sur RTL. "Nous n'avons pas évoqué la dissolution hier avec le président de la République."
La présidente de l'Assemblée nationale juge en outre qu'une dissolution de la chambre basse "ne résoudrait pas grand chose".
Yaël Braun-Pivet se dit aussi réticente sur une possible suspension de la réforme des retraites adoptée en 2023, piste de compromis évoquée par Elisabeth Borne: "Ça me gêne un peu (...) Il ne s'agit pas de renoncer aux grandes réformes que nous avons faites."
7h40 - "Je ne pense pas que ce soit en ajoutant de l'incohérence à la confusion que cela fera avancer les choses", dit David Lisnard, maire Les Républicains (LR) de Cannes, interrogé sur TF1 sur une éventuelle suspension de la réforme des retraites de 2023.
Faisant écho à l'ancien Premier ministre Edouard Philippe qui a appelé mardi à une démission d'Emmanuel Macron, David Lisnard estime qu'il s'agit de la "seule solution".
"Aujourd'hui, on tourne en rond (...) Cela pourrait être une approche gaullienne dans l'intérêt supérieur de l'Etat. Ca n'affaiblit pas du tout les institutions".
David Lisnard plaide pour une "démission programmée" du chef de l'Etat "pour qu'elle ait lieu avant l'été prochain", avec l'instauration en attendant d'un gouvernement technique chargé des affaires courantes.
(Rédaction de Paris)
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